City in Translation
City in Translation
by Canan Marasligil

À PROPOS

Développé et dirigé par Canan Marasligil, City in Translation a débuté en 2015 comme un projet observant les langues dans les espaces urbains, en se concentrant sur la spécificité et diversité linguistique des villes visitées individuellement. Célébrant une décennie d'explorations, City in Translation s’est transformé en un espace de publication pour des textes multilingues et en traduction, favorisant les échanges et les réflexions autour de l’art de traduire.

self-portrait (Amsterdam, October 2024)

DÉMARCHE ARTISTIQUE

City in Translation est une pratique artistique qui a débuté en 2015 comme une exploration des langues dans les espaces urbains. Initialement axé sur l'acte de « traduire les villes » par l'écriture et la photographie, ce projet a depuis évolué vers une manière de considérer la littérature en tant qu’espace public. Au cours de la dernière décennie, mon travail qui comprend diverses formes – écriture, photographie, traduction et arts plastiques – m’a mené á créé une plateforme où la littérature n'est plus confinée à des espaces privés et écrits, mais devient un environnement partagé et accessible par le geste de la traduction. Un espace public invite à la participation, et dans ce contexte, le collectif devient central. La traduction permet ce mouvement.

Avec City in Translation, je capture les langues qui peuplent les espaces urbains –vitrines de magasins, panneaux, graffitis, papiers jetés à terre, slogans, etc. Ces moments ne sont pas simplement documentés, mais (ré)imaginés à travers mon objectif, multipliant les possibilités d’interprétation. Que je sois dans une ville pour une courte période ou que j'y revienne au fil des ans, ces langues vivent dans mes archives personnelles, dans des espaces en ligne, lors d'ateliers ou dans les pages de diverses publications. City in Translation permet à ces langues d’exister au-delà du moment de leur création, affirmant leur présence dans la mémoire collective de la ville.

Au fur et à mesure que ma pratique s’est développée, j’en suis venue à considérer la littérature non pas comme quelque chose qui existe uniquement dans les livres ou sur les pages, mais comme un espace public en soi – un espace où les histoires et les idées sont créées, imaginées et partagées, où la participation peut se faire sur un pied d’égalité pour tou.t.e.s. La traduction joue un rôle central dans ce processus. Il ne s’agit pas simplement d’un acte de conversion d’une langue en une autre ; c’est un acte de participation par la création d’un espace commun. C’est de l’hospitalité, comme le décrit l’écrivain Chris Keulemans dans son livre Gastvrijheid : un plaidoyer pour la solidarité, la résistance et l’amour. L’hospitalité, dans ce sens, consiste à créer des espaces où les gens peuvent exister et s’épanouir, sans la pression de devoir toujours « rendre la pareille ».

Les villes ne sont pas toujours des espaces hospitaliers, mais l’acte de traduction peut réimaginer notre existence en leur sein. Lorsque des personnes d’horizons linguistiques différents se réunissent pour traduire, elles contribuent à la construction de cet espace public, en interagissant les unes avec les autres et avec le paysage urbain qui les entoure. La traduction devient un moyen de revendiquer et de créer collectivement un espace, où le sens et les histoires sont constamment remodelés par l’interaction et la collaboration.

City in Translation est devenue une matérialisation physique de cette idée : une plateforme où les œuvres littéraires et visuelles sont publiées à la fois en ligne et sous forme de livres. Cette plateforme incarne la conviction que la littérature est une expérience dynamique et collective, capable de façonner un discours et de libérer l’imaginaire par la traduction. En se concentrant sur des langues qui passent souvent inaperçues dans les environnements urbains, mon travail remet en question la notion d’un monde monolingue, en mettant en évidence la multiplicité des langues et des expériences qui existent dans nos villes. Cette complexité se reflète également dans les littératures que j’aborde, écrites par des personnes qui existent dans de nombreuses langues et cultures, à la fois héritées et imaginées, contribuant toutes à notre réalité commune.

En tant qu’hôte, City in Translation accueille des langues souvent invisibilisées dans les discours publics de nos sociétés. Ainsi, la littérature devient un espace public partagé et vivant, et où l’acte de traduction nous permet de participer à la création de sociétés égalitaires, où nous participons tou.t.e.s en termes égaux.

Amsterdam, 24 décembre 2024

BIOGRAPHIE

Canan Marasligil (elle/iel) est une écrivaine, traducteurice littéraire et artiste multilingue vivant à Amsterdam.

En tant que féministe intersectionnelle qui s'efforce de remettre en question les récits dominants, Canan défend la représentation, l'égalité et la diversité, en particulier dans le domaine de la traduction littéraire.

Qu'il s'agisse de créer, de réfléchir, de traduire ou de travailler avec des organisations culturelles, les pratiques de Canan s'entremêlent avec toujours au cœur l’urgence de créer de l'espace pour l'imagination et la réflexion, et la transmission des connaissances et de la passion. Alors qu'elle explore la créativité à travers divers médias, numériques et analogues, brouillant toujours les frontières entre la fiction et la non-fiction.

Canan a travaillé avec des organisations culturelles à travers l'Europe et a participé à des résidences : en tant que traducteurice en résidence au Free Word Centre de Londres (2013), en tant que journaliste culturelle à la WAAW au Sénégal (2015), à l'Université de Copenhague pour commencer à travailler sur "City in Translation", à La Contre Allée, à Lille (2017), à l'Université de Lancaster (2018) et au Bassin Minier avec Mine de Culture(s) (2018-19 et en 2020).

Canan a deux projets d'édition : The Attention Span Newsletter (en anglais), une invitation mensuelle à la réflexion, à l'analyse et à l'imagination, et City in Translation, qui est une plate-forme de publication en ligne ainsi que pour les livres imprimés.

Une petite histoire de City in Translation…

Ce site Web a été créé dans le cadre de cette exploration continue de la façon dont les langues apparaissent dans les espaces urbains. Le projet a commencé grâce à la résidence d'écriture Culture@Work à l'Université de Copenhague (IKK, Département des arts et des études culturelles) en avril-mai 2015, où Canan s'est concentrée sur la ville de Copenhague pour commencer ses recherches autour de la "Ville en traduction".

Depuis sa création, City in Translation a voyagé à travers l'Europe et au-delà. Le site Web actuel présente les résultats de diverses activités :

  • la résidence à Copenhague : Copenhagen Residency (2015)

  • l’exposition Yearning for Turkish (2017)

  • la résidence de Lille (2017)

  • un chapitre dans la publication Routledge Handbook of Translation and the City (2021)

  • une résidence à l’université de Lancaster (2018)

  • et bien plus (voir les vidéos ci-dessous)


    Le site a été initialement organisé autour de Fictions et de Ressources, offrant des perspectives complémentaires. Vous pouvez toujours accéder ces archives :

Les villes et le thème de City in Translation ont été explorés et documentés sur un compte Instagram.


Interview for Hiraeth Magazine, 2017

Presenting City in Translation at the Multilingual Digital Authorship Symposium in Lancaster University, 8-9 March 2018

La phase de recherche de City in Translation a été possible avec le soutien de Culture@Work et de l'Université de Copenhague. Remerciement spécial à Kristin Veel et Frederik Tygstrup à l'Université de Copenhague et à Daniela Agostinho à l'Université catholique du Portugal.

Université de Copenhague

Le Département des arts et des études culturelles (IKK) de l'Université de Copenhague englobe la recherche et l'éducation internationales du premier cycle au doctorat dans les domaines des études de la danse, de l'histoire de l'art, de la littérature comparée, de la culture moderne, de la musicologie, des études de théâtre et de la performance et de la culture visuelle.

Le département se concentre sur le développement de nouveaux formats de pratiques à la recherche basée sur la pratique dans le secteur créatif, principalement sur les pratiques artistiques, les pratiques curatoriales, les activités des ONG et les pratiques pédagogiques. Ces nouveaux formats de pratiques visent spécifiquement à exploiter le potentiel innovant des pratiques créatives.

Culture@Work 

Le projet Culture@Work, initié par le Consortium de Lisbonne et cofinancé par le Programme Culture de l'Union européenne, vise à développer une plate-forme internationale pour la circulation des œuvres artistiques et pour la formation collaborative de professionnels du secteur culturel.

Culture@Work rassemble trois partenaires dans le domaine du milieu universitaire, des arts et de la culture :